Un aperçu des cabinets de conseil au Maroc
Les marchés publics demandent des références publiques. Cela suppose que dès qu’un entrepreneur enregistre sa société au registre de commerce, on devrait la doter d’un bonus de références pour que son entreprise accède à une commande publique. C’est la raison pour laquelle, lors du début d’activité de WB Consulting en 2006, nous étions obligés d’aller chercher des références du secteur privé et cibler des institutions (notamment à capital public). Pendant les trois premières années, nous n’avons décroché qu’une seule commande publique sur une vingtaine de missions. Ce qui nous a incités à rehausser davantage l’offre technique afin de bénéficier de meilleures notes sur cette partie du dossier pour la constitution des références exigées. A date d’aujourd’hui, nous avons remporté plus d’une centaine de commandes de projets au total. En 2012, 30 % d’entre elles sont des commandes publiques.
Toutefois, 10% de ces missions ne génèrent pas ou peu de profit. Pour ce qui est des processus d’évaluation, il faut avouer que ceux-ci sont transparents, professionnels et intègres. Néanmoins, parfois, des cas incompréhensibles se présentent. A titre d’exemple, nous avons soumissionné à un appel d’offres pour l’organisation et l’assistance à la maitrise d’ouvrage pour le compte d’une société publique. Nous étions le moins disant. En fin de compte, le marché publique a été attribué à une entreprise créée deux mois auparavant et dont l’objet social est incompatible avec la nature de l’appel d’offres (développement de la photo, d’après son certificat du registre de commerce).
En ce qui nous concerne, nous péférons ne pas positionner notre société dans des environnements peu transparents et si le cas se présentait un jour, nous préférerions abandonner le dossier que corrompre. Si, en revanche, nous arrivons à remporter les appels d’offres, un autre obstacle se présente. C’est celui des délais de paiement lents. C’est la raisons pour laquelle nos offres de service accordent parfois des remises de 5 à 10% aux structures privées par rapport aux marchés publics, compte tenu de la rapidité de leur processus de paiement, de la possibilité d’obtention d’avance et la capacité à déployer une stratégie de fidélité. Au niveau des marchés publics, on est obligé de supporter les frais financiers du marché et de financer l’activité pendant toute la période de la réalisation des travaux, D’autant plus que le public ne paie généralement que 93% de la facture à la réception provisoire, le reliquat n’est débloqué qu’à la fin de période de garantie, qui peut être parfois d’une année, ce qui ronge la trésorerie. Cette lenteur perçue dans le public n’est pas issue d’un manque de réglementation, mais plutôt de la qualité des processus, de la maturité des systèmes et du professionnalisme des gestionnaires. A titre d’exemple, la Trésorerie générale du royaume a amélioré significativement sa performance ces dernières années. A mon humble avis, la solution réside, d’une part, dans la professionnalisation du métier d’acheteur au niveau des organismes publics et, d’autre part, dans la redynamisation des instances de gouvernance et dans la généralisation des audits et des contrôles à tous les appels d’offres, sous le pilotage d’entités indépendantes des structures auditées».